La tavelure est une maladie qui concerne l’arboriculture, et notamment les pommiers et poiriers. Les fruits touchés ne sont plus commercialisables, d’où l’importance d’une lutte efficace, grâce notamment aux pesticides (fongicides) mais aussi aux mesures prophylactiques.
Le champignon responsable se conserve en hiver dans les feuilles mortes au verger. Il mûrit progressivement jusqu’à la fin du printemps. Son développement est directement lié à des facteurs climatiques :
La période qui va de l’ouverture des bourgeons (débourrement) à la fin du printemps s’appelle la période de risques primaires, où le champignon risque de s’installer dans les feuilles. C’est là que le Réseau d’Avertissement Tavelure du CIRAME intervient :
La période qui va de l’été jusqu’à la récolte s’appelle la période de risques secondaires où le champignon, s’il s’est installé au verger, va se multiplier et contaminer les fruits. Si les vergers n’ont pas de taches en fin de période primaire, il n’y a plus besoin de traiter contre la tavelure jusqu’à la récolte. Le CIRAME œuvre de cette façon à la réduction des intrants agricoles sur le territoire. Ce travail permet le développement d’une agriculture raisonnée et responsable sur la région PACA, tout en apportant un gain de temps et d’argent pour les exploitations agricoles.
En période de risques primaires (de mars à mai-juin selon les années), le Réseau Tavelure du CIRAME n’a qu’une priorité : avertir ses abonnés au plus tôt, pour chaque situation à risque qui se présente. Il analyse donc en temps réel et 7j/7 les données météo issues de stations automatiques ou de postes manuels.
Le champignon a besoin de températures et durées d’humectation du feuillage particulières pour germer et contaminer le végétal (conditions décrites par la table de Mills). En période de risque important, il faut au moins 14 heures d’humectation à 10°C pour qu’une contamination soit biologiquement possible. Dès que le CIRAME sait si les conditions climatiques conviennent au champignon, il envoie rapidement ses informations personnalisées afin qu’elles arrivent dans les plus brefs délais sur les téléphones portables, ordinateurs ou fax de ses abonnés.
Depuis 2011, le CIRAME assure également le suivi biologique du champignon afin de déterminer à quel moment il arrive à maturité (début des risques), l’importance de chaque projection, et à quel moment le stock de spores est épuisé (fin des risques). Le CIRAME observe donc des feuilles issues de vergers locaux tavelés. Il bénéficie également de l’aide de la société Raison’Alpes et de la Chambre d’Agriculture des Hautes Alpes qui lui font régulièrement parvenir des feuilles tavelées, indispensables pour avoir des données précises pour ces secteurs.
Ces dernières années, les situations climatiques exceptionnelles ont eu des effets marqués sur l’évolution du champignon (blocage de maturité en 2012, maturité précoce en 2014…). Cela rappelle que l’on ne peut utiliser sérieusement un modèle de prévision des risques, quel qu’il soit, sans faire des observations biologiques.
Le CIRAME ne prend pas systématiquement la courbe la plus pessimiste pour annoncer les contaminations tavelure. Il choisit depuis toujours l’une ou l’autre courbe de Mills en fonction de la période et de son niveau de risque. Depuis 2010, il utilise également la courbe de Stensvand (plus pessimiste que les courbes habituelles de Mills), mais seulement pour des cas bien particuliers de températures et d’humectation. Ce choix a été plusieurs fois validé par des sorties de taches observées suite à des « contaminations Stensvand » non couvertes.
D’autre part, le CIRAME fait partie du Réseau PFI coordonné par la station expérimentale La Pugère : cette collaboration permet de toujours garder un lien avec le terrain (stades phénologiques, pression de la maladie,…).
Les données météo sont la base du Réseau Tavelure. Le CIRAME les collecte grâce à des stations automatiques placées au plus près des vergers, dans des zones climatiques représentatives d’un groupe de parcelles. Il valide ces données en temps réel, pour travailler sur des données fiables. Toutefois, il est impossible de représenter la multitude de microclimats des zones arboricoles. Le CIRAME donne donc dans ses messages un maximum de précisions pour que les producteurs puissent adapter ses données météo à leurs parcelles, qui peuvent être sous filets paragrêle, plus ou moins ventées que la station météo,…
Voici l’avis d’un abonné, Mr Franck Corgiat, producteur de pommes à l’EARL Mas Cagnard de Rognonas : « Pour moi, le Réseau Tavelure du CIRAME apporte des avantages qui n’ont pas de prix. L’utilisation est très simple, on peut recevoir les messages par mail. Ce Réseau est réactif, rapide et précis dans ses diagnostics. Si j’ai un moment de doute suite à une petite pluie non prévue, je sais que j’attends le message du CIRAME pour savoir si je dois intervenir. Je fais ainsi des économies de produits phytosanitaires, de carburant, avec un impact positif sur l’environnement, et j’évite aussi les pertes de temps. Le Réseau Tavelure du CIRAME est un moyen de lutte qui marche bien, à préserver absolument ! »